Les banques ne craignent pas la banalité

Serait-ce dans leur seconde ou même dans leur première nature ? Quatre banques sont suspectées de manipulation de marché, rappelant le précédent scandale de l’Euribor ainsi que d’autres épisodes du même tabac, affectant notamment le prix des métaux.

Le scénario est chaque fois identique, des traders spécialisés se seraient entendus entre eux, de 2009 à 2015, via des forums de discussion. Ils auraient échangé des informations privilégiées sur les futures opérations de leurs clients afin de coordonner leurs prix. Le dernier épisode qui vient d’être révélé par la Commission porte sur des titres de créance émis par des institutions nationales ou supranationales comme la Banque européenne d’investissement, les obligations SSA.

Des noms ! Des noms ! La Commission, qui en est au stade de l’enquête, n’en dévoile pas et prend la précaution de préciser que le comportement qu’elle pourrait avoir décelé ne constitue pas « une pratique générale ». En attendant une confirmation formelle, les noms de Deutsche Bank, Crédit Agricole, Crédit Suisse et Bank of America Merrill Lynch circulent largement. Les trois premières ont reconnu être dans le périmètre de l’enquête de la Commission, qui a pris la forme de l’envoi de « lettres de griefs » exposant les faits auxquels les destinataires doivent répondre. Ils risquent une très forte amende pouvant aller jusqu’à 10% de leur chiffre d’affaires mondial.

La banalité l’emportant sur l’indignation, cette nouvelle ne suscite plus de grandes réactions. Pourquoi devrait-on en effet s’étonner de la multiplication de ces coups de pouce en raison de la facilité avec laquelle ils ont été semble-t-il exécutés, de la difficulté de les prouver, et considérant une tentation bien humaine ? Qui plus est, la stratégie de défense des banques est toute prête à être resservie, Credit Suisse ayant déjà fait savoir qu’un seul trader, qui a malencontreusement quitté la banque depuis, serait impliqué. Le régulateur britannique, la FCA, ainsi que la Japan Fair Trade Commission, après avoir pointé du doigt des pratiques anticoncurrentielles de même nature, n’ont pas dépassé le stade de l’enquête lors d’épisodes similaires, qu’en sera-t-il cette fois-ci ?

4 réponses sur “Les banques ne craignent pas la banalité”

  1. Je regrette le ton ironique de cet article. Monsieur le président de la République s’est montré on ne peut plus clair lors de sa dernière intervention télévisée adressée à la populace au peuple : il saura se montrer impitoyable avec les casseurs.

    La justice va maintenant s’abattre sur ces traders qui vont aller rejoindre en prison les responsables de la crise de 2008. Moi j’ai confiance en nos institutions !

  2. Les institutions de la République ne fonctionnent que si les citoyen(ne)s croient en elles. Tout repose ( Ah, le repos ! ) sur la confiance.

    1. Confiance que l’hubris de la ploutocratie (mot chargé historiquement, mais quel autre pour dire le pouvoir de l’argent ?) a totalement détruit.

      Et notre paysage institutionnel ressemble fort à la paisible ville portuaire d’Hiroshima au lendemain du 6 août 45. Que voyons-nous ? Un Premier ministre transformé en Chef de cabinet, des parlementaires godillots (et CSP+ hors-sol pour LREM) votant là où on leur dit de voter, et une justice dont l’indépendance du parquet a été mise en doute à plusieurs reprises par les instances européennes. Bref, sous la Cinquième la séparation des pouvoirs n’est plus que formelle, une simple vue de l’esprit tant ils sont concentrés entre les mains d’un seul homme, le président de la République.

      Ajoutez le fait qu’un total inconnu a été nommé à la présidence par les plus puissants des intérêts privés, qu’il gouverne exclusivement pour eux (CICE, flat tax, suppression de l’ISF et de l’exit tax) et contre la population (baisser les APL de 5€ pendant que des milliards sont redistribués aux plus aisés), et vous obtenez ce paysage post-démocratique totalement irradié.

      Pour dire l’évidence avec des mots simples : pour une grande partie de nos concitoyens, le pouvoir n’est plus légitime. Et la légalité seule ne suffit plus comme en atteste le soulèvement des gilets jaunes.

  3.  » CUM-CUM & CUM-EX  » …suivi…
    (( un peu passé inaperçu… hélââsss ))
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/12/20/cumex-files-les-deputes-ont-vide-le-dispositif-anti-fraude-de-sa-substance_5400294_4355770.html
    … » Mais l’examen de ce dispositif antifraude conduit par Le Monde avec un fin connaisseur de ce type d’opérations boursières montre qu’il risque d’être totalement inopérant. En réécrivant le texte proposé initialement par le Sénat, les députés de La République en marche (LRM) et du MoDem l’ont vidé de sa substance  » …. Et voilâââ..!! Bon Noël quand mêêêmm !

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